Manuel de contrainte pénale ou comment transformer radicalement une identité professionnelle sans l’accord… des professionnels ! Après 3 mois de négociations, la CGT claque la porte !

Les organisations syndicales représentatives étaient reçues vendredi 26 juin par la direction de projet pour une dernière réunion concernant le Manuel de mise en œuvre de la contrainte pénale. La DAP avait annoncé qu’elle rendrait ses « arbitrages » à cette occasion, et qu’elle indiquerait quelles modifications seraient retenues à la suite des – nombreuses – contributions des syndicats.

Et alors ? Alors RIEN !! Bien sûr, le document a été modifié en de nombreux endroits, mais toujours à l’intérieur du même moule idéologique, qui, lui, ne se discute pas !

Pour rappel, il y a deux points incontournables pour la CGT sur lesquels la DAP est resté totalement sourde. D’une part admettre enfin que l’insertion et la réinsertion sociale de notre public est la finalité prioritaire des SPIP, qui – elle – permet la sortie de la délinquance et donc la prévention de la récidive. D’autre part, la CGT ne voulait pas de l’application exclusive du RBR et du modèle crimino-canadien pour les travailleurs sociaux ; la CGT ne voulait pas qu’on replie la profession sur la seule logique du risque de récidive ; la CGT ne veut pas participer au changement de 3000 personnels qui doivent se transformer demain en criminologues anglo-saxons ! La CGT ne croit pas au miracle scientiste, et elle n’a eu cesse de porter la contradiction et un regard critique, qui se voulait intellectuellement honnête et constructif ! Au contraire la CGT milite pour la diversité et la multiplicité des outils et des références théoriques tout en permettant de retrouver nos fondamentaux, ceux de la méthodologie de l’intervention en travail social.

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Bref, la CGT a cru pouvoir discuter sereinement avec l’administration pénitentiaire, et pensait pouvoir obtenir le fameux consensus tant annoncé. Nous avons su être force de propositions, mais nous constatons aujourd’hui que seuls des – petits – arrangements cosmétiques sont repris par la DAP. On ne déradicalise pas si facilement de la fascination pour l’outil technologique, pour la « littérature scientifique », pour la « recherche internationale », pour toutes les vertus supposées des théories anglo-saxonnes – qui, rappelons-le, n’ont jamais rien prouvé de plus que le système français, puisque aucune étude comparative ne peut être invoquée.

La CGT a donc, de nouveau, défendu ses positions, et dénoncé cette vaste blague lors de cette réunion. Mais la DAP ne veut rien entendre et ne veut rien écouter ! Il est d’ailleurs intéressant de noter que le ton sait se durcir du côté de l’administration, qui ne veut visiblement discuter qu’avec les gens qui sont d’accord avec elle ! On est loin de la démarche ultra-participative qu’elle affichait – mais qu’elle ne sait pas faire ! Loin de l’idée de «l’expérimentation qui doit prendre son temps et savoir se questionner» – ce qu’elle ne sait pas faire ! Ce que sait faire la DAP, c’est prendre les idées qui l’intéressent et qui confortent son discours. Ce que sait faire la DAP, c’est museler les professionnels qui s’expriment à travers l’organisation majoritaire qui les représente !

Le Manuel est donc bien « le manuel de mise en œuvre du RBR », et nous le disions il y a 3 mois : l’administration va droit dans le mur !
Face à un mur, la CGT a donc dû claquer la porte !

La CGT appelle tous les personnels à s’emparer du manuel, à se réunir massivement en assemblée générale et décider collectivement de rentrer en résistance face au rouleau compresseur de l’administration qui veut refonder totalement leur identité professionnelle … mais sans eux !

Montreuil, le 29 juin 2015