LETTRE à Monsieur le directeur de l’administration pénitentiaire quant au maintien du regroupement de la promotion CPIP 25 (et DPIP 14) à l’ENAP ce lundi 12 avril : protégeons (aussi) les personnels en formation, leurs familles et leurs services d’accueil !

Monsieur le Directeur,

Alors qu’un troisième confinement a été décidé et annoncé par le Président de la République ce 31 mars.
Alors que les déplacements inter-régions sont proscrits afin d’endiguer la pandémie.
Alors que des notes émanant du Secrétariat Général et de votre main ont mis en lumière la nécessaire adaptation/réduction de l’activité au sein des établissements et SPIP.
Alors que vous nous annonciez ce mercredi que le nombre de personnels atteints du Covid demeurait stable mais se situait sur un plateau haut, que des personnels se trouvent à cette heure dans un état préoccupant et que des clusters ne cessent d’être identifiés.
Alors que le télétravail doit être systématisé toutes les fois que cela est possible et que vous nous déclariez avoir passé la consigne, aux fins d’éloignement des services et de limitation au maximum des interactions sociales entre agents, d’inciter l’ensemble des personnels à être placés 2 jours en télétravail minimum par semaine.

Pourtant, pour ce qui concerne l’ENAP, rien ne change ou presque.
Au-delà des personnels de l’école dont nous aurions beaucoup à dire tant ils sont pressurés et maltraités, l’inquiétude est grande pour les élèves et stagiaires, qu’ils soient CPIP, DPIP ou de tout autre corps de l’AP. Ceux-ci sont sommés de se rendre sur le site d’Agen et se voient ainsi contraints
d’ignorer la crise sanitaire, les consignes gouvernementales comme celles visées plus haut, ignorer leur peur légitime d’être infectés ou de transmettre le virus à leurs collègues, à leurs formateurs, aux personnels de l’école mais aussi à leurs familles et services qui les accueillent durant leurs périodes de stage.
C’est ainsi que la 25 ème promotion de CPIP, composée de 250 personnes provenant de l’ensemble des régions françaises, doit débuter un nouveau cycle de formation dès ce lundi 12 avril.
Nous redoutons, tout comme eux, que nos collègues en formation composant cette promotion aient à se retrouver en groupe, hébergés dans des chambres dont l’état de propreté et d’entretien est parfois plus que douteux, et soient contraints, du fait du règlement intérieur digne d’une colonie de vacances pour pré-ados, de manger en collectivité.
Nous le demandons : le jeu en vaut il la chandelle ? N’y a-t-il pas un intérêt supérieur à prendre en compte durant ces quatre prochaines semaines, à savoir celui de la protection de la vie humaine, des agents comme de leurs familles ? La charte de bonne conduite et de respect des règles sanitaires, dans la lignée du règlement intérieur, aussi infantilisante qu’inutile, n’a aucun intérêt en terme de protection sanitaire si ce n’est celui de déresponsabiliser l’école.

Nous le savons, il va nous être énoncé en réponse qu’une zone pour contaminés isolés a été mise en place et qu’il n’y a pas lieu de s’inquiéter. Nous nous demandons bien pourquoi ce virus se répand comme une traînée de poudre et pourquoi des clusters sont ici et là en cours alors qu’une mesure d’isolement des cas positifs suffit ?
Nous savons encore que la DAP comme l’ENAP vont nous opposer que certains apprentissages théoriques nécessitent une présence sur site. Est ce bien là une obligation impérieuse que ces regroupements sur cette période? Nous pensons que non mais nous savons la position rigide de l’Administration sur ce point. Soit…
Mais nous le savons aussi ; une grande partie des cours sera dispensée en distanciel avec présence des stagiaires sur site et dans leur chambre. Quel sens y donner ? Quel message adressé à des futurs collègues si ce n’est une absence totale de bon sens comme de prise en compte de leur santé et celle de leurs proches

Tenant compte de cela, et dans l’unique intérêt de la préservation de la santé des personnels en formation comme de leurs familles, des personnels de l’école et de leurs familles mais aussi des personnels des services qui accueillent et accueilleront à nouveau à l’issue de ce regroupement les
stagiaires de la 25 ème promotion de CPIP et de leurs familles, nous demandons instamment à la DAP que le cycle de formation théorique de 4 semaines soit organisé pour préserver au mieux la santé de toutes et tous :

  • en dispensant les stagiaires d’un retour sur site ce lundi 12 avril
  • en repensant ce cycle de formation théorique. S’il n’avère réellement impossible d’envisager un enseignement totalement à distance pendant cette période de confinement national de 4 semaines, l’Enap a au moins le devoir d’imaginer une réorganisation du planning de formation tenant compte des réalités sanitaires. Ainsi on pourrait par exemple imaginer un regroupement des temps de formation ‘en présentiel’ indispensables en milieu de période. Cela permettra de laisser plusieurs jours en début et en fin de cycle afin que les élèves suivent les cours à distance, de chez eux. La plus-value en terme de circulation éventuelle du virus serait alors évidente. De la même manière, cela permettrait d’envisager de scinder la promotion en deux afin de ne pas retrouver sur site la même semaine l’intégralité de la promotion

Pourquoi proposer un tel aménagement de l’emploi du temps ? Afin de laisser une dizaine de jours avant et après ce regroupement sur site aux stagiaires pour prévenir au maximum une éventuelle transmission du virus. En cette période de confinement, cet isolement possible pendant 10 jours permettra de prendre toutes les mesures de précaution possibles dès lors qu’un brassage de personnes venant de lieux aussi éloignés que différents est imposé.

  • en annulant le regroupement d’une semaine prévu à compter de ce lundi 12 pour les DPIP de la 14 ème promotion et en proposant les apports théoriques prévus en distanciel

Alors que les agents de cette Administration, qu’ils soient en service, établissement ou en formation, ne cessent de prouver au quotidien leur attachement à maintenir un service public de proximité et de qualité au prix d’un investissement sans faille , il est de votre responsabilité, en retour, de vous attacher à préserver « coûte que coûte », ou « protéger » comme le prônent les timbres à l’effigie de l’AP, leur santé et celle de leurs familles.

Montreuil, le 9 avril 2021
Le bureau national de la CGT IP