Réorganisation du SPIP de LUYNES

« LE MEPRIS »

Alors que l’histoire de la réorganisation du SPIP à la Maison d’Arrêt de Luynes pourrait maintenant s’apparenter à une mauvaise série, l’entame de la 4eme saison s’avère encore une fois désespérante… Du réchauffé…

L’histoire de quelques CPIP naufragés dans un établissement à la dérive conserve encore et toujours les mêmes intrigues, les mêmes personnages, les mêmes débats et les mêmes constats… Quand est-ce que les producteurs d’AP Production mettront un terme à ce mauvais sitcom ou décideront d’y mettre les moyens nécessaires ?

Non, de l’avis de tous, les CPIP acteurs sont reconnus comme étant de très bons professionnels (paroles de JAP), même s’ils semblent de plus en plus lassés de la situation et craignent que leur statut d’acteur ne passe à celui de figurant …

A leur décharge, la réalité de leurs conditions de travail s’avère de plus en plus critique. Et c’est dans ce cadre qu’on leur demande une fois de plus de réfléchir à une réorganisation à laquelle ils s’opposent depuis 4 ans… AP Production leur a d’ailleurs donné raison en Comité Technique à plusieurs reprises semblant épisodiquement prendre conscience que leurs arguments n’étaient pas sans fondements.

Le management par objectif reprend malheureusement le dessus de manière régulière et le bon sens ne fait pas long feu….

Nous ne ferons ici qu’un bref rappel d’éléments déjà largement développés dans les saisons précédentes et qui restent inchangés : manque de moyens humains, difficultés matérielles, répercussions des difficultés chroniques de l’établissement entraînant de multiples tâches indues, difficultés à rencontrer les personnes détenues en entretien, insécurité criante … A relever la venue sur site, à deux reprises, de la DFSPIP adjointe censée procéder, avec méthodologie, à une analyse des difficultés liées à notre intervention. Précisons également que la résolution de ces dernières a été posée comme un préalable indispensable à toute réorganisation de service, ce qui ne nous pas a empêché de réfléchir sur la forme de cette dernière lors de multiples réunions et d’être force de propositions.

Maintes fois on nous a promis la lune, mais ce quotidien reste malheureusement notre réalité.

Les premiers épisodes de l’année 2015 ont aggravé les difficultés déjà rencontrées et très largement sapé le moral des troupes :

– Le départ du secrétaire du service alors que son remplacement n’interviendra pas avant le mois de juin (précisons que nous devrions avoir 2 PA : un pour la Maison d’arrêt et un pour le QSL)

– L’interruption brutale du renfort apporté par notre collègue « cpip placé » au beau milieu de sa mission afin d’intégrer le casting de l’équipe Salonnaise dans l’objectif unique de mettre en place un PPR (management par objectif toujours…)

– Le retour en CPU imposé par note de service « non négociable ! » (nous citons ici la note de service du chef d’antenne) dans un objectif de labellisation (management par objectif encore et toujours)

– Le maintien du suivi des semi-libres alors qu’il devait être assuré rapidement par le milieu ouvert (argument avancé par la hiérarchie ayant conduit l’attribution du poste supplémentaire arrivé en septembre au milieu ouvert)

– Ajout d’une CAP et d’un débat contradictoire par mois pour la mise en place de la réforme pénale.

Conséquences : Nous sommes de permanence en permanence ! Notre temps leur étant dédié a explosé ! (avec, évidemment, toutes les démarches, qui en découlent …) A ce jour, 50 % de notre temps de travail y est consacré (permanences arrivants, renfort arrivants, QSL, CPU).

Accessoirement, s’ajoutent pour un ETP les 120 personnes détenues dont nous avons la charge du suivi (Maison d’Arrêt et QSL). Nos écrits se multiplient (3 CAP et 3 Débats Contradictoires par mois, QSL, dossier d’orientation et autres..) tout comme les personnes détenues (+ de 1000 hébergés au lieu de 600 effectifs théoriques). Notre temps- non. Pour rappel, à ce jour, l’équipe du SPIP se compose de 7,8 ETP (12 prévus normalement dans l’organigramme pour un effectif théorique de 600 détenus + 80 semi-libres).

Dès lors, la place laissée aux entretiens individuels devient inexistante et nous nous interrogeons profondément sur le sens de notre intervention. Le suivi n’existe plus, le contenu de nos rapports est en voie d’extinction… On nous demande d’émettre des avis sur des personnes que nous ne connaissons plus !

Nous entendons que les commandes, concernant Luynes, visent le processus de labellisation du parcours arrivants et un semblant de rationalisation de notre intervention. Néanmoins, à aucun moment, le cadre d’antenne et le siège ne se sont interrogés sur la faisabilité de leurs décisions.

Contrairement à ce qui est annoncé, ce ne sont pas les quelques renforts espérés en septembre qui révolutionneront la situation de Luynes. Ils permettront tout au plus d’approcher l’effectif théorique que nous devrions avoir alors même que l’élargissement de nos missions et du nombre de détenus sont déjà une réalité. Une fois de plus, ces décisions sont prises au détriment du suivi individuel et de notre santé.

Dans un tel contexte et face à une hiérarchie (antenne et siège) incapable de prioriser nos tâches et de prendre des décisions face à un établissement incapable d’assumer ses missions, l’équipe de Luynes se voit obligée de, temporairement, mettre fin à son rôle d’intermittent du spectacle.

Dès lors, nous avons décidé :

De ne plus aller en détention (ce qui nous économisera bien 1h00 d’attente par jour, nous épargnera des tensions et ne dégradera finalement pas tellement la qualité de notre travail actuel). Conformément au CPP et aux priorités imposées par la hiérarchie, seules les permanences arrivants, la CPU et les urgences seront assurées (article D 144 du CPP).

– Nous continuerons à apporter des réponses aux détenus et à assurer nos diverses missions par courriers.

Nous espérons vivement que cette situation ne perdurera pas. Nous sommes dans l’attente de réponses réelles, AVANT SEPTEMBRE, et d’un véritable travail de priorisation de votre part. Il est plus que temps de vous occuper du sens même de notre travail avant de vous entêter à mettre en place des objectifs inatteignables.

Aix-en-Provence, le 18/03/2015

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