SPIP de BAPAUME : LA CORDE A LACHÉ

Aujourd’hui jeudi 17/03/2016, toutes les CPIP jusque-là en activité au SPIP de Bapaume sont en arrêt de travail.
Nous avons alerté, depuis de nombreux mois, sur les difficultés que nous éprouvions à cause du sous-effectif du service, et des difficultés grandissantes à assurer nos missions.

Au fil des années, nous avons été mises en difficulté dans ce travail que nous avions jusqu’à présent exercé avec volonté et professionnalisme, sans que personne ne prenne de décision forte pour nous sortir la tête de l’eau.

En ce début d’année 2016, toute l’équipe a été examinée par la médecine du travail .
Cette dernière a fait un constat alarmant : UN SPIP dont tous les membres se trouvent dans un état d’usure professionnelle prématurée. La plongée dans le grand bain de la dépression guette.
Alertée de cette situation catastrophique, la hiérarchie fait l’autruche : ALLEZ !!! TOUTES AU TRAVAIL, ET SANS VOUS PLAINDRE !!!
Dans ces conditions psychologiques, et matérielles, les relations avec la population pénale se durcissent jusqu’à devenir sources d’angoisses.

Le mécontentement des personnes détenues s’accroît : délais d’attente grandissants pour obtenir une réponse ou un entretien ; surcharge de dossiers et manque de temps empêchent une étude approfondie des situations , et à fortiori un suivi personnalisé de qualité.

A cela s’ajoutent le manque de travail aux ateliers et un public toujours plus stagnant dans les couloirs de la détention , et toujours plus à l’affût des CPIP.
Ce sentiment d’insécurité a conduit à l’exercice de notre droit de retrait.
A cette décision de ne plus aller en détention, il a été répondu par le dénigrement et la dérision.

QUAND SERONS NOUS ENFIN PRISES AU SERIEUX ? Nous ne parlons pas de cafetières dans les bureaux d’entretien, mais d’un problème de fond : L’INSECURITE LIEE AU SOUS EFFECTIF CHRONIQUE D’UNE EQUIPE DE CPIP USEES, ET ACTUELLEMENT EN INCAPACITE D’EXERCER SON METIER CORRECTEMENT.
A nos collègues des corps de surveillance et d’encadrement, nous indiquons que nous ne souhaitons pas la guerre, contrairement à ce qu’ont voulu vous faire croire vos propres supérieurs hiérarchiques.

Nous voulons seulement alerter de notre vulnérabilité actuelle face à une population pénale à qui nous renvoyons des choses qu’ils ne veulent pas entendre.

Actuellement, l’institution ne donne plus de réponse ferme à l’expression de la frustration de notre public, et nous craignons la survenance d’incidents graves.

A notre hiérarchie, qui n’a été capable que de nous menacer d’une sanction financière, face à l’expression de notre souffrance au travail , nous répondons :
⁃ que nous n’avons que faire de ses menaces ;
⁃ que les trois postes ouverts à la CAP de mutation ne suffiront pas à résoudre tous les problèmes.

IL EST TROP TARD: après des mois de tempête LA CORDE A LACHÉ.

Pour nous, CPIP du SPIP de Bapaume, Bapaume ne se conjugue désormais plus au futur.

Nous souhaitons donc beaucoup de courage pour, dans ce contexte de crise, recruter des bonnes âmes pour nous remplacer et pour venir combler le déficit actuel du service.
Bapaume, le 18 mars 2016